les plaques

Leur signe distinctif est la présence, dans la zone de départ, d’une cassure nette formant une ligne plus ou moins brisée.

Ces avalanches sont dues à une surcharge locale sur un manteau neigeux présentant un empilement de couches instable et conduisant au décrochement de tout un pan d’une pente (d’où leur nom).

On parle de structure de plaque pour désigner cet empilement à l’équilibre précaire qui comporte deux couches :

  • une couche fragile sous-jacente. Celle-ci est composée de neige ayant une cohésion faible ou très faible. Il s'agit en général soit d'une couche de grains à faces planes ou gobelets, soit de neige fraîche légère, parfois de neige roulée ou de givre de surface ;
  • une couche supérieure présentant une “cohésion de frittage” (cf. encadré Cohésion de frittage) qui est la plaque proprement dite. Elle est constituée de neige de type grains fins ou de neige récente évoluant vers du grain fin (particules reconnaissables).

Cohésion de frittage:

Si l'on découpe un morceau d'une couche frittée, la neige reste en bloc. Ceci est dû à la nature même des liaisons entre les grains : ceux-ci sont soudés les uns aux autres par de petits ponts de glace, phénomène appelé frittage. C’est ce qui leur donne une bonne cohésion.

Si la cohésion de la couche frittée est importante, il s'agit d'une plaque dure (les blocs, une fois détachés, ne s’effritent pas et restent compacts et entiers, même pris dans le trajet d’une avalanche).

Si la cohésion est présente mais faible, il s'agit d'une plaque friable (les blocs s'effritent très facilement, notamment dans le trajet de l’avalanche) ; à ski, l’impression est celle d’un ski en neige poudreuse.

Il est très important de comprendre qu’une couche frittée seule n’est pas dangeureuse, une couchE fragile non plus ; le danger vient de l’empilement instable d’une couche supérieure présentant une certaine cohésion (de type frittage) reposant sur une couche fragile.
Mais attention, la plaque peut être enfouie sous de la neige poudreuse voire y ressembler fortement dans le cas d’une plaque friable (les différences de dureté entre les deux couches sont souvent difficiles à discerner sans effectuer des mesures de densité).

Description :

Zone de départ :

La cassure associée à une structure de plaque est toujours linéaire, très nette, souvent en forme de ligne brisée. La longueur de la cassure peut être comprise entre quelques mètres dans le cas d'une mini-avalanche, à plusieurs kilomètres dans des cas extrêmes. Son épaisseur varie de quelques centimètres à plus d'un mètre, voire plusieurs mètres dans des cas extrêmes.

La couche fragile, visible à la cassure, peut être très mince et très difficile à détecter.

Zone de dépôt :

Si la plaque était dure, l’avalanche laisse un dépôt constitué de blocs ; si la plaque était friable, la masse de neige se fragmente rapidement et se transforme en écoulement pulvérulent, laissant un dépôt peu visible.

Déclenchement

Le déclenchement d'une avalanche de plaque est dû généralement à une surcharge. Il peut s'agir d'une surcharge naturelle causée par des précipitations (pluie ou neige), par une chute de corniche ou de sérac, etc. ou d’une surcharge accidentelle (passage d'un skieur, surfeur, randonneur à pied ou avec des raquettes) ou encore d’une surcharge artificielle dans le cas de déclenchements préventifs à l’aide d’explosifs.

La couche fragile s'effondre localement à l'endroit de la surcharge, puis cet effondrement se propage dans la couche fragile. Lorsque la contrainte due à ces effondrements devient critique pour la couche frittée, il y a rupture de celle-ci. Elle peut donc se décrocher à un endroit qui peut être éloigné de l'endroit où l’effondrement a été initié.

La rigidité, même faible, de la couche frittée lui permet de propager un début de fracture sur de grandes distances. Ainsi, lors du déclenchement d’une avalanche de plaque, la fracture se propage extrêmement rapidement le long d'une ligne qui peut être droite, brisée ou en arc de cercle.

Conséquences pour les pratiquants

Quand un pratiquant déclenche une avalanche de plaque à son passage, celle-ci peut se décrocher juste sous lui, souvent au-dessus de lui (le pratiquant est alors emporté par l'avalanche), parfois bien en aval ou à côté de lui. En effet, la fracture se produit souvent à distance dans les zones raides à profil favorable, parfois jusqu'à plusieurs centaines de mètres du pratiquant ; on parle alors de « déclenchement à distance ». Plus l'avalanche se déclenche loin en amont du pratiquant, plus il risquera d'être enfoui profondément sous la neige. La longueur de la cassure étant généralement comprise entre quelques dizaines et plusieurs centaines de mètres, il est nécessaire de s'espacer fortement dans les zones à risque lors des déplacements en groupe.

La question de la détection de ces structures de plaque sur le terrain n’est pas simple car elle ne peut pas se faire visuellement. Elle nécessite la mise en oeuvre de tests de stabilité plus ou moins sophistiqués qui permettent d’accéder à une information sur l’intérieur du manteau neigeux. Cependant, certains signes sont caractéristiques d'un manteau neigeux à structure de plaque, mais pas systématiques, notamment l'apparition de bruits sourds (« woumf ») ou la sensation d’un effondrement lors de la progression.

Quelques scénarios météorologiques

Ces quelques exemples illustrent l’apparition de structures de plaque dans le manteau neigeux, ce qui revient à identifier des « situations météorologiques types » fournissant une couche de neige de faible cohésion (couche fragile) surmontée d’une couche de neige frittée (plaque).

Les processus de formation/apparition et de la couche fragile et de la plaque vont renseigner sur la localisation, l’extension géographique et la longévité dans le temps de ces structures de plaque. Ces exemples sont schématiques, non exhaustifs et les indications temporelles ne sont que des ordres de grandeur.

Exemple n°1. Beau temps froid et sec, puis chute de neige fortement ventée.

Origine de la structure de plaque : Couche fragile : métamorphoses / Plaques : vent.


Danger d’avalanche : • localisé (effet du vent) • durable (plusieurs jours)

Exemple n°2. Chute de neige, puis temps froid et sec, puis vent modéré

Origine de la structure de plaque : Couche fragile : précipitations / Plaques : vent.


Danger d’avalanche : • localisé (effet du vent) • temporaire (quelques heures à 1 journée)

Exemple n°3. Chute de neige très peu ventée, froide au départ puis se réchauffant.

Origine de la structure de plaque : Couche fragile : précipitations / Plaques : précipitations et métamorphoses.


Danger d’avalanche : • généralisé (tranche d’altitude) • temporaire (quelques heures à 1 journée)